Chapitre 2 : On révolutionne des manières de faire ?















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a- A l'origine du coworking, l'idéologie Silicon Valley

b- Les formes du coworking

c- Les limites du coworking

Le coworking comme on le connaît aujourd’hui est parti de l’initiative de plusieurs personnes aux Etats-Unis comme Brad Neuberg en 2005 qui nous explique : “je travaillais dans une startup nommée Rojo et j'étais mécontent de mon travail. J’étais confus parce que j'avais à la fois travaillé pour moi-même et travaillé à un emploi et j'étais malheureux parce que je n'arrivais pas à combiner tout ce que je voulais en même temps : la liberté et l'indépendance de travailler pour moi-même avec la structure et communauté de travail avec d’autres”. Mais le tout premier espace de coworking a été le San Francisco Coworking Space de Spiral Muse au début des années 2000. Brad Neuberg, connaissait plusieurs personnes dans l'espace Spiral Muse, qui était un collectif féministe dans le quartier Mission à San Francisco, ce qui l’a inspiré par la suite. L'espace Spiral Muse proposait des tarifs pour travailler au sein de l'espace deux jours par semaine pour 300 $ par mois. Trois points importants ont eu raison de la croissance du coworking. Le premier est que beaucoup de personnes sont venues au sein de l’espace par curiosité, pour découvrir ce qui se passait avec le coworking sans forcément rejoindre l’espace mais cela a commencé à créer un petit réseaux. Deuxièmement, Chris Messina et Tara Hunt, des partenaires de l’espace, ont créé une grande communauté en ligne en utilisant le wiki de coworking et une liste de groupes Google. Enfin, un an après, cet espace a fermé et plusieurs mois plus tard, un deuxième espace a ouvert avec Brad Neuberg accompagné entre autre de Chris Messina et Tara Hunt. C'était un espace plus grand et pouvant accueillir plus de personnes, appelé Hat Factory. En parallèle nous avons découvert qu'il y avait eu un élan similaire quelques années auparavant de Neil Goldberg pour fournir des espaces collaboratifs haut de gamme aux travailleurs.com qui télétravaillaient dans la Silicon Valley, appelés Gate-3 Work. Club. 1
Le principe du coworking est de créer une atmosphère de travail dynamique, conviviale et de partage, encourageant à la communication et fédérant une communauté de travailleur.se.s dans le but d’étendre leur réseau et d’échanger. Le coworking peut être aussi défini comme une situation dans laquelle au moins deux personnes travaillent ensemble dans un même lieu sans nécessairement appartenir à la même organisation mais en s’identifiant comme membres d’un même réseau. Un espace de coworking est une infrastructure rendant possible et facilitant le coworking. Les espaces de coworking sont des lieux où nous pouvons donc retrouver des télétravailleur.se.s, des salarié.e.s en situation collaborative se trouvant en télécentre, un étudiant montrant à deux de ces camarades comment le lieu fonctionne, deux jeunes entrepreneurs, etc. Toutes ces personnes s’identifient au même réseau, celui de la santé par exemple. Ces espaces s’adressent avant tout à un public de travailleur.se.s indépendant.e.s ou d’entrepreneur.se.s qui ne souhaitent pas opérer leurs activités professionnelles à domicile cherchant à la fois des formes conviviales d'interactions et un lieu adapté au travail. Tout cela dans un espace équipé, où l’ensemble des ressources serait mis en commun, dans le but de partager les coûts et bénéficier des meilleurs équipements possible. Le coworking apparaît dans les endroits fortement équipés en TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) il y a donc généralisation de ces équipements pour pouvoir bénéficier du coworking. Le coworking fait partie d’une logique économique, d’une réduction des coûts, de la mutualisation des services et de m2, la plus grande partie de ces bénéfices étant dû aux échanges et à la collaboration. L'entreprise Opinion Valley (OV 2004 Paris),qui est dans le service, fondateur du concept d’espace de coworking en France, quitte ses locaux pour des espaces de coworking pendant 1 an et demi pour côtoyer des entrepreneurs innovants, investies dans le cloud computing (stockage de données sur ordinateur). L’entreprise a rencontré plus de personnes en un an que ces cinq dernières années. Pour O.V. c’est la facilitation du développement des collaborations. La principale forme d’intermédiation c’est de connecter et faire connecter les différents acteurs. Le principal apport est de soutenir les dynamiques multi-acteurs qui sont spatialement ancrés. Les administrateurs des ces espaces ont dû apprendre à formaliser pour les entreprises les différents avantages qu’elles peuvent trouver à être dans ces espaces. 2


La Cantine créée par Silicon Sentier le 31/01/2008 dont l'inauguration a eu lieu dans le 2nd arr. de Paris. La Silicon Sentier est une association d’entreprises : 5 français qui étaient permanents d’espaces de coworking outre atlantique ont cherché une solution pratique aux problèmes récurrents de l'organisation des rencontres. Une des choses les plus complexes à faire fût de définir ce lieu comme l’un des premiers en France en 2008. L'explication autour du lieu a évolué au fil des années. La Cantine est à la fois un espace de coworking, un espace évènementiel, un lieu pour les communautés technologiques, un hub technologique, un living-lab, etc. La coopération prenant des formes spécifiques, les concepteurs de l’espace ont dû faire à la revendication de ces espaces vides c’est à dire gérer les intérêts individuels, tout en gérant l’intérêt commun. La Cantine rempli les vides des autres structures, ce résultat est un travail d’articulation (Strauss 1992). La Cantine est un dispositif s'apparentant à un médiateur matériel et symbolique, il est plus qu’un simple espace de travail. Le dispositif du coworking s'apparente à une autonomisation des personnes utilisant le lieu. La Cantine, c’est un lieu public, mais de nature privée, la vitrine de cet espace, à l’opposé des produits d’exposition, intrigue et suscite l’attention par l’ambiguïté des messages qu’elle renvoie. Cet absence d’informations explicites crée de l'ambiguïté, ce qui donne une hybridité des acteur/trices et activités. Cela permettrait de pratiquer les espaces de coworking de 3 façons : ouverte, intermédiaire et fermée selon Michel Basile. Il nous dit que les espaces de coworking sont parfois ouverts à un large panel d'utilisateurs et à leur environnement (essaim) ; parfois, ils sont ouverts à un grand nombre d'utilisateurs mais fermés à leur environnement ou l'inverse (intermédiaire) ; et parfois ils sont fermés à un certain nombre d’utilisateurs, sélectionnés et aussi fermés à leur environnement (îlot). En revanche il ne sait pas si c'est dû à l'espace ou s'il y avait une prédisposition des employés à cette façon de travailler. 3
Les espaces de coworking et l'innovation sont les entités qui contribuent au développement de collaborations interorganisationnelles, il y a aussi plus d’interactions entre les partenaires bénéficiants d’une autonomie économique. La Cantine est bien plus qu’un espace de coworking (enquête mené entre avril 2009 et novembre 2013) c’est aussi un espace hybride de travail collaboratif. Nous allons présenter l’espace de coworking La Cantine à Toulouse. La compagnie s’est installé dans la Ville Rose début 2011, dans le quartier de Saint-Aubin. Ce lieu s’est par la suite déployé en octobre 2016 dans des locaux au Quai Des Savoirs. Le lieu est divisé en trois parties : l’espace-café qui souvent introduit la discussion entre plusieurs personnes venant de plusieurs milieux ; l’espace coworking qui est une introduction par mise en situation d’un exemple récité d’utilisation de l'espace de coworking ; l’escalier et la scène qui offre un marché potentiel au sein d’un espace de coworking au travers d’une banale sortie de réunion. La Cantine est, comme ce que beaucoup d’espaces de coworking prônent, un lieu d’échanges, de rencontres et d’expérimentations ouvert à tous. La pluralité des profils et des parcours des visiteurs fait de cet endroit un espace de communications et d’échanges conséquents. Véritables lieux d’échanges autour de l’innovation et du numérique, les deux espaces de coworking réunissent des profils et des compétences multiples. Les espaces de coworking sont des lieux pensés pour faire des rencontres, échanger sur un problème précis, prendre un café ou pour la pause déjeuner.


En 2013 on dénombrait plus de 3000 espaces de coworking dans le monde. En 2014 se sont 205 espaces de coworking qui se trouvaient sur le territoire français dont 70% d’entre eux avaient moins de 2 ans. Il y a une véritable démocratisation du coworking et une explosion du nombre d’espaces ouverts, leur nombre à été multiplié par 12 entre 2011 et 2017, puis en 2017 ils étaient 13800. Ils/elles étaient presque les 1,2 millions d’utilisateurs. L’espace de coworking est apprécié comme étant un lieu d’événements (74%), un espace de bureaux partagés (61%) ou un centre d’affaires (33%). Les coworkers pour 34% d’entre eux ont trouvé leur espace de travail via le bouche-à-oreille, la grande partie restante via les réseaux. Les espaces se retrouvent déjà dans l’obligation de se réinventer pour attirer davantage de coworkers en raison de l’émergence de la concurrence et des dérivés du coworking comme le corpoworking ou le cohoming. 4
Le coworking est en pleine expansion de part sa flexibilité, sa convivialité et son économie. Cet espace attire de plus en plus les grands groupes, en plus des freelances et start-ups. En France, Bureaux À Partager (BAP) dévoile ses chiffres de 2017 sur ces espaces de travail comme étant la nouvelle recette du travail alternatif. En 2017, 600 espaces sont recensés en France, nombre multiplié par 10 depuis 2012. À Paris, l’épicentre de ces espaces, un poste coûte en moyenne 313€ HT par mois dans un open space et 698€ HT dans un bureau fermé. En région les prix sont de 187€ HT en open space et de 331€ HT en bureau fermé. 5


L’action des espaces de coworking repose sur trois appuis : Work (travail), Learn (apprendre), Connect (connecté dans le sens d’une communauté). Work consiste à fournir une infrastructure de travail partagé parfaitement équipée pour un usage professionnel. Learn prend la forme d’un programme d’animation mis en place par les espaces de coworking en collaboration avec des partenaires. Connecté est celui qui constitue la base du mouvement coworking qui est la création d’une communauté et l’interaction entre les membres de cette communauté. L’objectif des espaces de coworking est de permettre aux coworkers d’encore mieux développer leurs activités, qu’elles soient naissantes ou consolidées, en acquérant de nouvelles compétences, en développant leur réseau d’affaires et en profitant des interactions avec les autres coworkers, qui participent parfois au développement de nouvelles collaborations.


Nous allons présenter les espaces de coworking Wallons en Belgique, leur enquête, en 2015, révèle que 80% des coworkers ont développé une interaction constructive avec un autre coworker au sein des espaces de coworking Wallons, CoWallonia, en Belgique. La proportion de femmes dans ces espaces est passée de 34% en 2014 à 43% en 2015. Les coworkers s’expriment et il en ressort notamment que 8 sur 10 sont plus motivé.e.s, 6 sur 10 sont plus productif.ve.s, 2 sur 5 ont acquis.e.s de nouvelles compétences et 5% ont déjà eu recours au coworking pour procéder à une embauche. Près de la moitié des coworkers sont issu.e.s du secteur des arts visuels, de l’édition, de l’architecture, du design, de la production logicielle, etc. Chaque personne, et c’est valable au-delà de cette compagnie, s'enrichit des savoirs et compétences entre elles. 6


Le Lab’Oïkos de Toulouse apportent aux entrepreneur.se.s, indépendant.e.s, salarié.e.s, dirigeant.e.s, responsables de collectivités, les outils pour rendre leurs activités plus performantes et plus responsables. Rémi Demersseman est le personnage derrière ces espaces de coworking appelés l’Oïkosystème, il est aussi l’ex dirigeant-fondateur du groupe de lieux d’accueil Petite Enfance, La Part de Rêve, cela lui a permis de penser et d’expérimenter un nouveau mode de gouvernance : la gouvernance partagée. C’est un mode de management où l’expérimentation, la créativité et l’intelligence collective forment le moteur de l’activité de l’entreprise et du bonheur au travail. L’humain se retrouve au cœur du partage. A Toulouse les utilisateurs/utilisatrices sont accueilli.e.s dans 400m² de surfaces déclinées en deux espaces, l’Oïkos Café, au rez-de-chaussée et un espace plus silencieux à l’étage. Sa capacité permet de mettre 60 postes de travail et tous les équipements dont à besoin un espace de coworking comme le wifi, des imprimantes, vidéoprojecteurs, écrans, paperboards, sonos, espaces communs. 7


Le Mix Tassin sur Lyon, est un espace de coworking avec 25 postes de travail nomades, 4 bureaux fixes en open-space, 2 call-box (des espaces pour passer des appels sans être dérangé.e et sans déranger), 3 salles de réunions de 2 à 4 personnes, une salle de formations qui peut accueillir jusqu’à 16 personnes et un espace café/cuisine. Il y a la possibilité de venir travailler ou de louer des salles de réunions sans adhésion ou devenir membre de l’espace pour bénéficier de tarifs préférentiels et profiter d’un réseau, c’est à dire avoir un carnet d’adresse. Le mot d’ordre, commun à beaucoup d’espaces étudiés, est “rejoignez une communauté de travailleur.se.s”. Tous sont convié.e.s à venir : indépendant.e.s, auto-entrepreneur.se.s, freelances, startup, associations, télé-travailleur.se.s, étudiant.e.s qui formeront une fois membre la communauté des MIXeur.se.s. Le MIX regorge d’entrepreneur.se.s avec des savoir-faires différents consultants, coachs, formateurs, architectes, graphistes, webmasters, thérapeutes, etc. 8


Ensuite La Permanence à Paris est le premier espace de coworking dédié aux étudiant.e.s ouvert 24/24 et 7/7, il a ouvert ses portes en 2017. C'est aussi l'espace de travail le moins cher de Paris où tout le monde peut venir travailler pour 1,2€/heure. La Permanence est une des réponses attendues par les étudiant.e.s concernant leur vie au sein de la ville, puisque cet espace leur est consacré, ils/elles sont prioritaires en son sein. L’un des problèmes majeurs est le manque d’espaces de travail pour les étudiant.e.s, pas de places chez elles/eux, pas suffisamment de places à la bibliothèque avec des horaires qui ne conviennent pas. C'est un espace de travail qui offre le confort nécessaire pour tous types de d’étudiant.e.s travailleur.se.s : celui/celle qui cherche juste un bout de table pour 15min avec son ordinateur comme celui/celle qui a besoin de toute une table pour travailler 5h. La Permanence, dispose d’une cinquantaine de places de travail et tout ce qui permet de travailler dans les meilleures conditions : le wifi gratuit, un service d'impression, une salle de réunion pour travailler en groupe et un espace détente. La permanence est le premier espace à dédier ses locaux aux étudiant.e.s en dehors de tout campus, mais ce n’est pas le premier lieu à utiliser les espaces de coworking pour favoriser la collaboration au sein d’un groupe d’étudiant.e.s. En effet en janvier 2014, le premier espace français de coworking à l’université est inauguré. 9


Enfin le Meeting Point à Rennes, est un espace de travail qui offre tout le confort nécessaire et crée une ambiance décontractée et confortable, un peu comme si vous travaillez à la maison. D’une surface de 800 m2, cet espace s’étend sur deux étages et offre des places de parking pour garer sa voiture. Sa situation est idéale, car elle se trouve à proximité de points de transport en commun et dans une zone où il y a beaucoup de bureaux. Au total, 16 places nomades sont proposées pour les travailleur.se.s. Mais des bureaux sont également mis à disposition pour ceux qui préfèrent leur intimité. Il y a des bureaux fermés et bureaux ouverts. Ces bureaux peuvent être d’une, de deux, de trois, ou de 4 places. Pour des réunions de grande envergure, une salle de réunion d’une capacité de 40 personnes est disponible. Cette salle est équipée d’un écran connecté, d’un vidéoprojecteur, et d’une connexion avec fibre optique. Ainsi, 81 places sont équipées pour recevoir les travailleur.se.s freelances. Le Meeting Point est un espace de travail collaboratif à Rennes qui allie confort, bien-être, design, et opportunités.


Les espaces de coworking peuvent-être défini comme des tiers-lieux, c’est à dire un lieu qui ne soit ni un domicile, ni un lieu de travail mais où les personnes se sentent intégrées à une communauté. En France, le groupe francophone des tiers-lieux est crée en janvier 2012. Les tiers-lieux sont des lieux libres et ouverts à tous pour coopérer, pour produire soi-même et/ou à plusieurs, travailler et/ou entreprendre autrement, développer des modes de vies durables, s'éduquer et se cultiver ensemble. Ces espaces expérimentaux visent l’apprentissage collectif, favorisant la créativité et l’innovation. 10


La France voit le nombre d’espaces de coworking augmenté rapidement et avec lui le nombre croissant de startup qui s’en servent. Une startup c’est, en prenant la définition de Steve Blank, : "(...) is a temporary organization designed to search for a repeatable and scalable business model". Ce qui signifie qu’une startup est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle. En d’autres termes startup n’est pas qu’un simple anglicisme signifiant “jeune entreprise qui démarre”, elle se différencie d’une entreprise puisque comparée à elle la startup est là pour trouver un business model (moyens pour générer des revenus au travers d’un produit ou services jamais proposé jusque là). Le nombre de startup n’a cessé de croître depuis 2010, ce qui coïncide avec l’explosion des espaces de coworking en France. En 2017, 591 000 entreprises voient le jour parmi elle presque la moitié sont des startups. Les startups mettraient-elles à profit ces espaces pour continuer leur ascension ? Est-ce que cela ferait de la France une startup nation ? La France est devenue en peu de temps l’un des pays les plus dynamiques en matière de création de startup. Mais cela-a-t-il permit aux entreprises innovantes d’accéder à leurs projets ? En effet, aujourd’hui de plus en plus de structures publiques ferment l’accès à leurs projets. Cette attitude à contre-courant des orientations définies par l’État est préoccupante et amène donc nombre de startup à apparaître pour de mauvaises raisons. Pourtant le nombre de marchés stratégiques remportés par les startups auprès de ces structures est important. Ce marché inclut aussi les coopérations industrielles entre les grands comptes et les startups : incubation, création de projets communs, etc. Continuer de fermer les accès aux marchés publics et à ne pas donner leur chance aux entrepreneur.se.s français.e.s de diffuser leurs innovations, ne fera plus de la France ce qu’elle était entrain de devenir, une startup nation. 11


La France n’en est pas encore une, si on la compare à “l’Israël qui, dès la fin des années 90, a mis tous ses efforts sur le numérique et les startup" explique Nicolas Hazard, président du Comptoir de l’innovation ; "La France est un pays donnant priorité à l’industrie et aux très grandes entreprises, à l’image de l’automobile ou de l’énergie. En matière de numérique, on passe encore plus de temps à se demander comment taxer les Gafa, contraindre Uber et encadrer Airbnb, qu’à entreprendre”. Pour autant, ces trois dernières années, en France, un élan entrepreneurial est évident. BPI France, créé en décembre 2012 pour "préparer la France de 2030" (Emmanuel Macron), a tout changé. En 2016, l’institution a engagé 8,4 milliards d’euros de prêts bancaires garantis dans 61 238 entreprises, déployée 1,4 milliard d’euros d’investissements directs et 1,3 milliard de financements à l’innovation, dont 945 millions en aides. Il reste néanmoins un handicap français, faire grandir ses start-up, mais les temps changent. En 2017 a été marquée par deux sorties françaises à plus de 200 millions d’euros : BNP Paribas qui achète Compte-Nickel (entreprise qui se présentait comme une "banque sans banque"), et Altice qui s’offre Teads (un service de publicité vidéo). Plus de doute, the new France du Président est partie. Ne reste plus qu’à savoir où elle va. 12


Les espaces de coworking peuvent être comparés à des tiers-lieux, et sont au coeur de l’expansion des startup en France. Cependant ces derniers ont surtout été utilisés et appréciés, pour sortir de leurs précarités économiques les travailleur.se.s indépendant.e.s. Cela servait à limiter les coûts et sortir de l’isolement du travail chez soi mais en gardant son autonomie, concept qui fut appliquer aux étudiant.e.s nous l’avons vu avec La Permanence.


Imagerie

Le coworking serait comme un outil d’éducation des citoyens au numérique et de développement territorial. L’ouvertures des espaces au territoire environnant et à leurs acteurs, vie sociale locale , c’est l’inscription au projet politique et la fréquentation de l’espace aux non-coworkers. Un travail a été réalisé entre 2013 et 2016, avec 50 entretiens, sur les 12 espaces répartis à Nantes et Marseille. Des espaces différents en taille et en nombre de personnes ont été comparés. Les coworkers sont jeunes entre 20 et 39 ans en moyenne surtout dans les secteurs créatifs (design, communication, architecture, numérique), à leur compte ou à celui de petites structures. Les entretiens portaient sur les raisons du coworking, les avantages, le mode de gestion et le fonctionnement, les actions (int et ext), les liens tissés. Cette expérimentation de terrain a permis de compléter la recherche sur les besoins de ces espaces. Il y 8 espaces de coworking à Nantes et 4 à Marseille, en centre-ville à Nantes et au 1er, 2e, 6e arrondissement à Marseille. Destinés à des travailleur.se.s permanent.e.s, 5 de ces espaces accueillent des coworkers nomades, soit à la journée soit à la demi-journée, soit via un abonnement mensuel. Pour celles et ceux qui sont permanents c’est, en moyenne, 183€ par mois, pour les autres les tarifs oscillent selon le temps passé dans ces espaces. Ces espaces de coworking possèdent des bureaux en open space, des espaces communs de détente (cuisine, salon, etc), du matériel mutualisé (imprimante, etc) et parfois des espaces d’ateliers (4/12). La gestion de l’espace se fait par le/la gestionnaire et l’animateur/trice du lieu (7/12) ou par l’association et tou.te.s celles/ceux dans la gestion et dans l’animation du lieu (5/12). Suite à l’observation sur ces trois années 3 types d'espaces se définissent : le modèle de développement ouvert au plus grand nombre et au territoire local (essaim), le modèle d’organisation fermé (îlot) et un dernier à mi-chemin entre les deux premiers le modèle d’un positionnement intermédiaire.


Le premier type d’espace (essaim) accueille les travailleur.se.s nomades pour 11.5€ par jours, ils se différencient des espaces de coworking publics gratuits où plus de 40 entrepreneur.se.s fréquentent ces lieux. Des communautés se forment au sein de ces espaces comme la Ruche à Paris, symbolisée par la diversité des individus, entrepreneur.se.s, salarié.e.s, étudiant..e.s, chef.fe.s d’entreprises ou La Cantine à Paris. Les évènements ouverts à tous, gratuits ou à prix libre, servent à appliquer les valeurs fondatrices du coworking : partage et solidarité ouverte sur le territoire (lieux d’innovation partagés LIP). La Cantine numérique de Nantes est un modèle ouvert des espaces de coworking, elle s’affirme comme actrice du territoire nantais et contient une partie ateliers qui s’approche des modèles de Fab Lab. Le fonctionnement en essaim est pratiqué par une communauté étendue, hétérogène et évolutive, interagissant avec leur environnement social et économique, c’est une définition positive et largement diffusée du coworking.


Le deuxième type d’espace (îlot) est contrôlé par les coworkers membres qui décident, du nombre total de coworkers et des recrutements de nouveaux membres. Les résident.e.s permanent.e.s ont leur propre bureau (plus de propriété que d’usage). Il y a environ 13 personnes par espace de coworking qui restent de quelques mois à un an. L’avantage est que cela sert à maintenir le loyer et à renforcer la cohésion du groupe. Le renouvellement des membres se fait lors des départs des anciens, environ 2 personnes par an. Mais on peut trouver des cas où les membres changent très peu, l’espace devient très fermé, presque dans le domaine de l’intime. C’est le cas de 6 des 11 membres de l’atelier 9 de Nantes, créé en 2011, qui étaient encore là en 2018. Le casting de recrutement, fait par les coworkers, est un entretien informel, c’est une discussion sur le métier, le projet et les expériences du candidat (4/12 espaces). Il y a 3 critères de sélection pour les coworkers, l’adéquation des valeurs humaines, la complémentarité des connaissances et des métiers et le candidat doit avoir un garant. Connaître un membre d’un de ces espaces fermés aide à entrer plus facilement dans le groupe. Il s'agit donc d’une communauté homogène, restreinte et stable, se connaissant en dehors du lieu et les discussions informelles font partie de leur quotidien. Le fonctionnement en îlot constitue une faible ouverture au territoire et une absence d'engagement à participer à la vie locale, même si ils/elles organisent un évènement tous les ans. C’est une vision du coworking couramment diffusée dans les médias, les discours médiatiques et politiques.


Le troisième type d’espace se positionne entre les 2 extrêmes. Il possède le fonctionnement interne de l’îlot mais a des relations externes pareil à l’essaim. Il a le même régime de sélection que l’îlot qui compte environ 17 personnes, la communauté est restreinte et stable. Dans le même temps l’ouverture du lieu au territoire fonctionne comme l’essaim pour créer des échanges à l’échelle locale, des actions concrètes, etc. Les raisons qui poussent au coworking sont similaires d’un espace à un autre. Les coworkers souhaitaient un bureau à bas prix avec la proximité d’autres professionnels, 85% des coworkers interrogés le sont devenus suite à une expérience à domicile négative (travail). De plus, avoir un échange avec d’autres travailleur.se.s, pas forcément dans le même domaine motive à adopter les espaces de coworking. Les espaces fermés appliquent une logique d’ordre économique, l’ouverture au territoire n’est pas une priorité puisque c’est un but strictement professionnel, donc les espaces sont peu accessibles et peu visibles depuis la rue (5/7). Ils se trouvent soit dans les étages d’immeubles, soit dans des cours peu traversées, leurs signalétiques est rares et discrètes. Les espaces ouverts eux fédèrent les acteurs donnés d’un secteur sur le territoire donc le lieu est visible et accessible depuis la rue. Les espaces ouverts ont une programmation événementielle pour dynamiser l’espace pour des échanges et des rencontres variées, ils ouvrent leurs bureaux et cela crée des synergies avec le territoire local. L’absence d’animateur et donc d’évènements tend à un modèle de coworking fermé. Les espaces de coworking ne suivent pas forcément la dynamique de fonctionnement de l’essaim. L'intermédiaire tend plus souvent vers le fermé que l’ouvert. L’ouverture des bureaux au territoire ne présente pas un enjeu central par les fondateurs de ces lieux. 13


Les personnes en télétravail et autres travailleur.se.s solitaires ont eu recours au coworking pour ne plus être seuls. L’idée séduit les entreprises car cela fait fournir un travail individuel tout en étant en communauté.
La généralisation du numérique pousse à revoir les différentes organisations pour éviter l'individualité qu’il peut engendrer. Ces nouveaux espaces sont demandés par tous types de personnes en entreprise, allant du RH au directeur de projet, le numérique allié aux espaces de coworking y gagnent avec leur polyvalence. Ce fut l’exemple d’une entreprise allemande dans le tourisme pour inciter leurs employé.e.s à prototyper des idées tout en s’autorisant (dédiabolisation) l’échec et en encourageant les échanges informels, cela amène à une collaboration entre l’entreprise et ses acteurs. Un autre exemple d’une entreprise suisse de télécommunication qui, sur un plan plus social, se tourne vers les ressentis et les sensations à l’utilisation du numérique. Elle bouscule les codes du fonctionnement du numérique avec le coworking, pour faire évoluer la culture d’une entreprise vers une culture du digitale. Cependant, les évolutions attendues par ces entreprises en termes de modes de travail ne risque t-elle pas d’être circonscrites au périmètre du coworking. Par exemple, l’adoption du free sitting au sein de l’environnement de travail consiste à ce qui n’y ait plus de poste attribué, ce qui peut permettre aux employé.e.s de se mettre à proximité des collègues voulus le temps d’un projets. Malgré tout, ces initiatives ne touchent qu’une partie des entreprises puisque les salarié.es qui ont une relation en face à face avec un.e/des client.e.s ont beaucoup plus de mal à l’appliquer au sein de leurs lieux de travail. Les décideurs semblent associer à ces projets, sortant de ces espaces de coworking, un certain nombre d’idéaux (confiance, autonomie au travail, collaboration, émulation créatrice, etc) et les relier à davantage d’efficacité pour l’entreprise. Les initiatives restent récentes et mise à part une à une, les entreprises n’ont pas mis de dispositifs de suivi des changements vis à vis de l’organisation du travail. Le/la salarié.e en entreprise a un effet positif en terme d’échanges, d’ouvertures (de rencontres, découverte, familiarisation) lors de son immersion dans ces espaces et de sa collaboration avec les coworkers. Les espaces de coworking enrichissent les modes de travail, mais il faut être disposé à l’échange, configurer des lieux favorables aux rencontres, avoir des discussions informelles, côtoyer des coworkers avec des intérêts communs (sans avoir des points de vue et critiques communes pour ne pas finir dans une bulle sociale où l’entourage sera toujours en accord avec ce que l’on raconte) et des dispositifs d’animations. L’autonomie étant importante la hiérarchie est peu marquée (comme dans les start-up), en revanche à savoir si cela vient du lieu qui est favorable (espace de coworking) où s’il y avait déjà une prédisposition de la part de ces occupants pour cette façon de travailler. Le rôle du management est modifié. On peut voir aussi l'échec de certains projets qui montrent la fréquentation faible voire nulle de l’espace et/ou les interactions limitées entre coworkers. Cela est parfois dû à l’incompatibilité des équipements informatiques du salarié avec la pratique du travail à distance et parfois dû à l’incompréhension des fondamentaux du coworking par l’équipe du projet. 14


En plein essor, les espaces de coworking témoignent donc d'une nouvelle organisation du travail, plus mobile et plus souple. En France, ils seraient entre 1 et 3 millions d'employé.e.s nomades à prendre leurs distances avec leur poste fixe tout en restant connectés grâce aux nouvelles technologies. En phase avec cela, Toulouse a vu éclore ces dernières années plusieurs espaces de coworking. De plus en plus de salarié.e.s et d'indépendant.e.s s'affranchissent du cadre traditionnel du bureau et adoptent de nouvelles habitudes de travail. Dans la lignée de La Cantine, initiée en 2011 à Toulouse, l'espace Tau, installé sur 130m2 à la Daurade, la Serre, rebaptisée en 2015 les Imaginations Fertiles, cultive depuis cinq ans son ancrage dans l'économie collaborative. Le bâtiment accueille aussi le Fablab Artilect. Pour encourager la pratique de ces espaces, les Imaginations Fertiles se sont associées avec La Cantine et deux autres tiers-lieux Etymôn et le Périscope à Ramonville pour mettre en place «un pass coworking» donnant accès aux quatre lieux. Autre compagnie lancé en 2015 par Sébastien Hordeaux, le réseau Étincelle Coworking s'est développé entre Montauban, Albi et Toulouse. Dans un autre registre, entre espace de coworking et incubateur, l'association At Home abrite exclusivement des jeunes pousses innovantes moyennant une participation de 180€ par mois. Enfin Rémi Demersseman-Pradel, a installé dans l'ancien garage Renault du quartier Saint-Aubin son deuxième Lab'Oïkos. 15


Avant les startups et autres groupes d’entreprises c’était les télétravailleur.se.s qui investissaient les espaces de coworking, c’est toujours le cas aujourd’hui, cependant il a fallu attendre plusieurs années, avant que l’espace de coworking soit considéré comme un tiers-lieu, selon le Code du travail, d’où pouvait s’effectuer le télétravail. En 2016, un.e salarié.e sur quatre a recours au télétravail, il se pratique à la maison ou dans des tiers-lieux, il transforme les façons de penser le travail. En France, le télétravail s’effectue principalement à domicile, ainsi 64% des télétravailleurs ont installé en 2016 leur bureau à domicile. Travail à domicile, co-home, coworking, le travail devient flexible, mobile et nomade. Facteur de bénéfices et de risques pour le collaborateur comme pour l’entreprise, le télétravail se veut innovant et donne à expérimenter de nouvelles façons de travailler. Le gouvernement a créé un droit au télétravail pour les salarié.e.s français.e.s dans la loi pour le renforcement du dialogue social. En effet, les ordonnances du 22 septembre 2017 ont assoupli les règles de mise en œuvre du télétravail. L’article L. 1222-9 du Code du travail précise que le télétravail peut désormais être mis en place dans le cadre d’un accord collectif ou d’une charte. Le/la salarié.e peut être en télétravail si il/elle sait travailler de façon régulière et volontaire hors des locaux de son employeur ; utiliser des technologies de l’information et de la communication et effectuer le télétravail à son domicile ou dans un tiers-lieux (télécentres, espaces de coworking, pépinière d’entreprises). Parmi celles et ceux qui se servent du télétravail, 47% d’entre elles/eux l’exercent depuis leur domicile et 23% depuis des lieux alternatifs aussi appelés tiers-lieux. Le télétravail permet un accroissement de l’autonomie, une plus grande efficacité dans leur travail et un engagement des salariés. Le télétravail peut aussi se traduire en terme de bien-être au travail dans la mesure où il réduit les distances domicile/travail et peut donc permettre une diminution de ses frais et de la fatigue, une meilleure santé et un épanouissement dans le travail. Ce sont des caractéristique que nous pouvons aussi rapporter au coworking. Certains des télétravailleur.se.s mentionnent, lorsque le télétravail est à domicile, le risque de perte de lien social et d’esprit d’équipe. Ils/elles précisent aussi la difficulté de séparer la vie professionnelle de la vie privée. C’est pour cela, qu’il est préférable d’opter pour le télétravail au sein d’un tiers-lieu ce qui diminue les risques de déborder sur le domaine privé. Ces espaces sont souvent propices aux animations et rencontres professionnelles, ce qui permet de diminuer le risque d’isolement social. 16


Il s’agit d’une réinvention du mobilier de bureau qui offre de nombreux champs de possibilité aux designers et fabricants de meubles. Grâce au digital, il est possible de travailler partout et cette liberté gagnée par rapport à un espace fixe donne aussi envie, au salarié.e, d’indépendance vis-à-vis d’un employeur permanent. Travailler comme à la maison, le bureau est avant tout un espace à vivre, un lieu de partage et d’échanges, où la qualité du confort et de l’esthétique favorise une productivité raisonnée et heureuse. 11 lieux pour travailler et booster sa créativité à Paris : Craft / Numa / L’hôtel Fabric / Le Pavillon de Canaux / La Recyclerie / Maison Kitsuné / Black Supermarket / Le Blackburn Coffee / Le COQ hotel Paris / Le Used-Book le café de Merci / L’institut Finlandais. 17


A travers les exemples qui vont suivre nous allons montrer que la façon de travailler a rendu l’espace typé, d’une certaine façon c’est de la créativité dans des espaces qui maintenant se ressemblent dans leurs aménagements.

L'espace de coworking de Hambourg, le Code Working Space, offre une variété de zones différentes, y compris la zone Flex Desk, avec 12 postes de travail compacts à louer, avec des compartiments de sièges et deux cabines téléphoniques assurant l'isolement en cas de besoin. La zone Fix Desk offre aux utilisateurs des tables à hauteur réglable, des conteneurs à roulettes et des buffets plantés avec un espace de stockage. Réparti sur deux étages, l'espace de 480 m² comprend également une cuisine commune et plusieurs petites salles de réunions ; un espace de travail flexible avec sa propre kitchenette propose une option supplémentaire polyvalente. L'approche du design intérieur prend le jaune CI comme fil conducteur qui accentue les meubles et les murs dans tout l'espace, contrastant avec des tons de couleurs gris chaud et vert. Aux endroits centraux de Code Working Space, les peintures murales grands formats de Stefan Mosebach fonctionnent comme des éléments de conceptions accrocheurs. Ayant apporté son soutien à chaque étape du processus de planification, il est ravi du résultat final : un espace résolument contemporain qui encourage le travail coopératif et le réseautage dans un environnement amusant.


L'espace de coworking de Londres est réparti sur 4 étages, à commencer par un sous-sol inférieur qui comprend un certain nombre d'espaces de réunions et une salle zen où les membres peuvent profiter d'un peu de temps libres. Les deux étages supérieurs comprennent une gamme de bureaux de différentes tailles prêts à être installés facilement par des particuliers, des entrepreneurs ou de petites entreprises. L'espace, du partage à la réception, est un espace clé qui permet des réunions, des connexions opportunes ou tout simplement un espace pour se détendre avec un verre au café et au bar à jus.


L’espace de coworking de Mexico City a choisi une conception de bureau ouvert afin de créer un environnement collaboratif, propice au travail en équipe. Les espaces de devoirs ont été conçus pour s'adapter aux besoins et à la personnalité de chaque client, ce qui signifie que nous avons créé un lieu spatialement diversifié qui comprend des espaces qui permettent plus d'intimité, tels que les bureaux privés, ainsi que des espaces plus communs, équipés de projecteurs visuels et de salles de conférences. Tous les espaces communs sont construits avec des surfaces de travail fixes.


L'espace de coworking de Melbourne est défini par du verre transparent, du béton robuste, des conduits apparents et du bois brut, cet espace axé sur l'esthétique est le summum de la chic coworking. Les gens d'affaires adoreront la nature multiforme de l'espace car il offre une gamme de bureaux privés, des bureaux décloisonnés, des bureaux en open-space, des salles de réunions et des salons pour les locataires à utiliser au besoin.


Pour l’espace de coworking de Prague, lors de la conception d'un espace de bureau, il est nécessaire de penser non seulement à la rentabilité, mais aussi au respect de l'environnement. Lors de la reconstruction, une grande quantité de matériel est souvent jetée. Lors de la conception des bureaux my hive Flexi, nous avons voulu utiliser des matériaux naturels qui sont intemporels et vieillissent bien pour rendre l'intérieur agréable et moderne pendant de nombreuses années. L'objectif était de créer un environnement de travail de la plus haute qualité dans lequel les locataires se sentent biens et calmes. Par conséquent, de nombreuses pièces sont en bois de qualité et le plafond est en plaques Heraklith, ce qui casse optiquement la grille uniforme du bureau.


Enfin l’espace de coworking de Sydney est un espace fonctionnel et collaboratif conçu pour soutenir la croissance tout au long du cycle économique pour fournir un espace dédié aux startups et aux organisations établies. Baigné de lumière naturelle, l'espace de co-working spacieux offre de nombreux bureaux privés, tables communes et salons pour une flexibilité ultime. Avec ses multiples espaces de travail, la cuisine commune construite à cet effet ajoute une touche vibrante à l'atmosphère déjà inspirante. Le coworking se décline sous plusieurs formes. Il existe des lieux plus structurés que d’autres. Néanmoins, l’esprit reste le même. Cependant, de nombreuses sociétés en reviennent, pour différentes raisons, notamment à cause d’une trop grande dispersion du personnel, à de l’inadéquation de ce type de méthodes avec certains profils et de la dilution de l’esprit d’entreprise. 18


On remarque aussi que les entreprises qui se calquent sur les espaces de coworking n’en sortent pas toujours vainqueur. Par exemple beaucoup d’entreprises, lors des trentes glorieuses, on fait en sorte que leurs employé.e.s travaillent et vivent au même endroit. C’est ainsi que l’on pouvait grandir avec Michelin qui fournissait : écoles, travail, maison, santé avec une vie personnelles et laborieuse réunies. On revient à cette idée d’un espace de travail confortable, avec le coworking, où il fait bon de se distraire et un chez soi où il fait bon de travailler. C’est comme ça qu’ont émergé le télétravail, les open-space, le coworking. Evidemment, l’altruisme ne suffit pas à expliquer la remise en cause, par les entreprises, des bureaux individuels. En décloisonnant l’espace, elles gagnent des mètres carrés, et espèrent une meilleure compétitivité. Alors s’agit-il d’un système gagnant-gagnant ? Voici les bureaux de Deezer à Paris qui ont été réaménagés, pour accueillir le sport et l’open-space (tout le monde peut se voir). Brigitte Cachon est la directrice exécutive Transformation & RSE chez Gecina, c’est une société foncière. Son siège est comme un grand appartement, de 350m2, plutôt que comme des bureaux d'entreprises. Il y a des pièces comme bibliothèque, salle de sieste, salle de brainstorming, salle de projet. L’entreprise, pour ses employés, a souhaité repenser les espaces de bureaux tout cela à partir des usages de chacun des salarié.e.s pour concevoir l’espace, pourquoi en vient-on au bureau. En contrepartie nous avons Sophie Binet co-secrétaire générale de la CGT des cadres et techniciens (UGICT-CGT) qui nous dit que si l’on repense le bureau de manière à gagner en surface foncière à ce moment là, l’espace ne sera pas penser pour celles et ceux qui y travailleront. Le/la salarié.e change alors d’espace et de modes de travail. Iils/elles ne sont plus seuls, ne se concentrent plus et préfèrent travailler de chez eux soit en télétravail soit le soir et le weekend donc ça pose des questions de prise en charges mentales et de droits de déconnexions. Les dirigeants comme les salarié.e.s se sentent interchangeables dans ces espaces où tout le monde peut être à la place de tout le monde, et ont ce sentiment de vulnérabilité. Alain d'Iribarne sociologue du travail, directeur de recherche au CNRS et président du conseil scientifique d’Actineo (Observatoire de la qualité de vie au bureau) dit que le réaménagement de l’espace de bureau c’est aussi replacer le management dans ces nouveaux espaces qui peuvent être intérieurs et même extérieures (télétravail en tiers-lieux ou domicile). Quand on a une réorganisation de l’espace de travail cela doit être en accord avec les formes de managériales qui elles aussi sont donc à revoir en parallèle, surtout lors d’initiation à ce type de travail coopératif. 19


Un autre exemple pour appuyer notre propos celui de Moulin digital, Marie Massiani, coordinatrice du réseaux des tiers-lieux. Ce sont des lieux vivants avec de l’animation, sur la problématique de travail. Maître Fleurine Meresse, avocate spécialiste du travail, dit que le coworking permet de rompre avec l’isolement que l’on peut reprocher au télétravail. Les espaces de coworking piquent le même marché que le télétravail pour les personnes en situations de handicap et les personnes souffrant de maladies chroniques. Le coworking a tout de même des points noirs en terme de confidentialité et de protection des données d’entreprises. Dans la législation du travail, il n’y encore aucune loi dans le domaine du coworking, ce qui est risqué en ce qui concerne la confidentialité entrepreneurial ou dans notre travail. Au sein des espaces de coworking peuvent être proposés des espaces individuels (Call box) pour les appels professionnels ou du moins pour respecter le calme des autres et ne pas se sentir écouter. Il faut s’interroger sur l’objet du pouvoir de l’employeur.e, examiner les limites auxquelles se trouve confrontées l’exercice du pouvoir patronal. Cette difficulté vient que ces moyens de contrôles constituent des menaces potentiels à l’autonomie des salarié.e.s et, au respect de leur vie privée. Ils soulèvent la délicate question de la cybersurveillance des salarié.e.s par leur employeur.e. Il y a donc d’une part, le nécessaire contrôle de l'utilisation des outils informatiques afin de prévenir d’éventuelles fuites d’informations et d’autre part, le respect de l’autonomie et de la vie privée du salarié “travailleur collaboratif”. Le coworking est un lieu d’émulation, mais où la confidentialité fait défaut. De plus, la difficulté à manager, sachant que la hiérarchisation d’entreprise reste très ancré encore en France, rend les choses complexes lorsque les salarié.e.s sont dans ces espaces là. C’est une confrontation entre d’un côté un management avec une équipe toujours à portée de main et de l’autre une confiance et un éloignement physique probant du salarié.e. Le but serait de savoir qui serait “éligible au travail en coworking” un peu comme le télétravail qui est devenu un droit pour le/la salarié.e au sein du code du travail. 20


En effet “le travailleur salarié n’est plus nécessairement un simple rouage dépourvu d’initiative dans une organisation fortement hiérarchisée” (Supiot,2000) l’autonomie n’exclu pas, en soi, la subordination. “Le contrôle du travailleur ne disparaît pas, mais son objet se déplace. Au lieu de porter sur la manière d’effectuer une tâche déterminée, il portera davantage sur le résultat de cette tâche. D’où la mise en oeuvre dans les entreprises de normes destinées à évaluer l’apport propre de chaque travailleurs” (Supiot, 2000). Les médias et les ECI (espaces collaboratifs d’innovations) ne tarissent pas d’éloges sur le potentiel de transformation des espaces de coworking. Mais le phénomène est encore jeune et cela rend difficile toute conclusion sur la performance de ces espaces en terme d’entrepreneuriat et d’innovations. De plus, les repositionnements, les fermetures et les faillites de ces espaces se multiplient. "Un espace de coworking n’est ni un tiers-lieu, ni un fab lab, ni un incubateur", explique Julie Fabbri. 21


Victime des avancées technologiques, le travail salarié traditionnel est menacé. Deux tendances sont à l'œuvre. La première c’est l'arrivée des robots et aux changements qu'ils imposent au travail humain. Les conséquences de cette transformation sont au moins aussi importantes que l'évolution de la quantité globale de travail. En résulte une polarisation du marché du travail, avec davantage d'emplois en bas de l'échelle salariale, notamment dans les services à la personne, et davantage d'emplois plus créatifs en haut de l'échelle, et entre les deux une réduction du nombre d'emplois intermédiaire. Le mouvement a commencé il y a 20 ans environ aux États-Unis et touche dorénavant l'Europe. La disparition de cette polarisation perturberait le fonctionnement de la société et diminuerait le rôle du travail dans la formation à l'identité sociale, avec un retour de la lutte des classes. La deuxième c’est l'uberisation. Uber a créé un nouveau modèle de travail, où les individus donnant des services accèdent aux clients via une plateforme numérique. Lorsqu'un.e client.e commande une voiture Uber, il/elle lui achète deux services, l'un (l'accès au chauffeur et le contrôle de qualité associé) est fourni par Uber et l'autre, le transport, est fourni par le chauffeur. Uber ne compte pas des dizaines ou des centaines de milliers d'employés, mais l’entreprise organise leur travail. Le travail devient alors l'objet d'un échange sur le marché, le contrat de travail est remplacé par la vente d'un service dont la quantité et le prix varient en temps réel, au fluctuation de l'offre et de la demande. De véritables ruptures sont donc à attendre, certaines sont, à l'instar des chauffeurs de taxis, tentées de résister au changement. D'autres se résignent à l'adaptation à un monde qu'elles ne déterminent pas. D’autres encore enfin cherchent à miser sur le changement et à inventer un nouveau modèle social qui est la stratégie la plus féconde. Parce que ce n'est ni aux robots ni aux plateformes, mais aux citoyens qu'il appartient de construire les institutions sociales de demain. 22


L’Ubérisation fait peur aux acteurs historiques de l’entrepreneuriat. Elle est l’illustration la plus visible et médiatisée du changement du système économique et salarial. Nous allons voir comment rester relatif face à cet avancement et déterminer à qui cela profiterait. D’abord, la concurrence fait partie des facteurs qui permettent la croissance, il y a donc baisse des prix mais aussi le développement de nouveaux services. Les client.e.s visé.e.s par ces nouveaux services sont la jeune génération qui armée de son smartphone a accès à cette multitude de services. Ces jeunes générations rendent plus attrayants ces nouveaux services pour une autre partie des consommateurs qui n’auraient pas eu le réflexe de les utiliser (exemple du covoiturage ou l’échange d’appartements). Ensuite les actifs aujourd’hui n’ont plus les même aspirations, dans le monde du travail, que les actifs qui les ont précédés. L’image de l'employeur.e qui fait carrière dans une seule et unique entreprise toute sa vie n’est plus la représentation du monde du travail actuellement. En ce sens le “post salarié” qui travaille sur une ou plusieurs plates-formes est également libre de choisir ses missions, ainsi il n’est pas nécessaire d’être surdiplômé. Cette nouvelle économie est à double tranchant pour les employeur.e.s et les salarié.e.s mais, à l’inverse, nous pouvons constater que ce n’est pas le cas pour les consommateurs. Enfin l’ubérisation des entreprises classiques est vue par certain.e comme le nouveau mal du système économique actuel. Un système ubérisé inquiète tout salarié attendant d’être remplacé par un logiciel automatisé. Mais chaque individu pourrait recevoir, par exemple, une même somme d’argent de manière régulière toute sa vie, sans condition de travail particulière. Des pays comme la Finlande, les Pays bas ou les États Unis souhaitent l’expérimenter à l’échelle d’une ville ou d’une région. Ce concept pousse les économistes à se questionner sur les financements de ce revenu. 23


Evidemment, la digitalisation change le travail, mais ce changement se présente de façon très différente selon la nature des emplois. Les emplois d'interactions (en relation avec des clients, comme les vendeurs ou les agents immobiliers) sont évidemment concernés par l'uberisation. En revanche, les emplois de conception (architectes, managers, artistes ou journalistes) ne sont pas menacés par les plateformes en ligne, mais pourront l'être demain par les progrès de l'intelligence artificielle : Google News a produit ainsi un journal uniquement grâce à des algorithmes. Quant aux emplois de productions (ramassages des déchets, travail en usine, constructions), ils sont davantage inquiétés par la robotisation que par la révolution numérique. Les plateformes numériques induiront des emplois de productions supplémentaires l'emploi dans le transport sera accru et d’une plus grande valeur ajoutée, mais celles/ceux qui pouvaient être remplacé.e.s par un logiciel l'auront été. De même, les agriculteurs ont déjà des marges réduites au minimum par les centrales d'achats. Si une application permet de mieux valoriser les fruits et légumes qui ont bon goût, les producteurs locaux regagneront alors des parts de marché face aux concurrents industriels. Enfin, s'il est facile et peu risqué de faire appel à un plombier ou un serrurier, les Français le feront davantage. Mais on aura tout juste fini de réfléchir au statut des chauffeurs Uber et de leurs pairs (sont-ils des entrepreneur.e.s, des salarié.e.s, des indépendant.e.s, des victimes) que le véhicule autonome viendra clore le débat. L'emploi disparaît, pas la production individuelle de richesses, dont une large partie est captée par quelques firmes internationales au gré des informations qu'elles collectent sur nos comportements. Ce qu'il y a à définir, c'est une nouvelle façon de distribuer cette valeur créée collectivement. L'ubérisation correspond à l'intermédiaire entre des offreur.se.s et des consommateurs/trices éclaté.e.s qui, auparavant, interagissaient directement ou via un autre intermédiaire. Ce qu'on appelle l'économie collaborative c’est ne rien que la fourniture d'un service ou d'un bien en dehors du cadre régulé s'appliquant aux professionnels (Airbnb). Ces gains de productivités auront un effet massif en terme d'emplois. Il ne s'agira pas d'un Uber mettant en relation un.e client.e avec son chauffeur, mais de Google envoyant une de ses voitures automatiques. Cette uberisation ne fait que débuter.


































1Codage au paradis, « Le début du coworking (le gars qui a commencé) ».

2Fabbri Julie et Charue-Duboc Florence. 2016. Les espaces de coworking : nouveaux intermédiaires d’innovation ouverte ?, édité par Lavoisier, 163-80 « Revue française de gestion » N° 254.

3Trupia Dilara Vanessa. 2016. Produire un espace hybride de coopération : Une enquête ethnographique sur La Cantine, édité par La Découverte, 111-45 « Réseaux » N°196.

4Arthur. Le 144, « Le coworking à l’échelle mondiale ». Publié le 21/06/2017.

5D. Alexandre. « La Réclame, Infographie : les chiffres du coworking en France ». Publié le 04/10/2017.

6CoWallonia, « CoWallonia, le réseau des espaces de coworking wallons ».

7Lab’Oïkos. Par Rémi Demersseman.

8Poncet Bénédicte et Chupin Marine. Mix Tassin. Créé en 2015.

9Ulule, la Permanence. Créé en 2017.

10Working place, « Espace de coworking, également adapté aux étudiants ». Publié le 27/05/2014.

11Grangeon Christophe. Les Echos, « Opinion - La France start-up nation ? ». Publié le 01/10/2019.

12Leclerc Benjamin. Libération, « “La start-up nation”, une réalité virtuelle ? ». Publié le 21/10/2017.

13Michel Basile. 2019. Le coworking, entre ouverture et fermeture des espaces associatifs et communautaires, édité par La Découverte, 289-318 « Réseaux » N°214-215.

14Bréchignac Blandine, entretien réalisé par Boboc Anca, et Ould-Ferhat Laurence. 2017. Corporate coworking : « hacker » le travail ?, édité par Presses de Sciences Po, 93-101 « Sociologies pratiques » N° 34.

15Decorse Johanna. La Dépêche, « Coworking : le grand boom du travail partagé à Toulouse ». Publié le 18/07/2016.

16Espace Entreprise Bretagne Romantique, « Coworking, formations et informations : le Télétravail ». Publié le 16/05/2018.

17Pointreau Benoit. L’Ameublement Français, « Le Bureau est mort, vive le bureau ! ». Publié le 06/02/2017.

18Algeco le Mag, « L’espace de travail dans le temps, une histoire de société ». Publié le 28/07/2017.

19« A qui profite la fin du bureau ? », France Culture, par Hervé Gardette, 38 min. 15/10/2016.

20« Le coworking », France Bleu, par Héloïse Erignac, 37min. 2/07/2019.

21Fabbri Julie, Glaser Anna, Gaujard Chrystelle et Toutain Olivier. 2016. Éditorial Espaces collaboratifs d’innovation : au-delà du phénomène de mode, de quoi parle-t-on ?, édité par De Boeck Supérieur, 5-7 « Entreprendre & Innover » N° 31.

22PIsani-Ferry Jean. La Tribune, « Transformation du travail, uberisation : inventer plutôt que résister ». Publié le 03/07/2015.

23CanalBlog, « Uberisation, une chance pour l’économie ? ». Publié le 25/04/2016.

24L’express l'expansion, « L’ubérisation, un drame pour l’emploi ? ». Publié le 05/01/2016.